Difficile gestion des déchets dans nos villes :

La quantité de déchets produits dans le monde explose, en relation avec nos modes de consommation. La problématique est difficile à gérer dans de nombreuses métropoles à travers le monde mais le degré de complication, dans les villes du tiers-monde, est particulièrement difficile. Notamment dans un contexte général de croissance urbaine, d’évolution rapide des modes de production et de consommation générant d’importants volumes de déchets. L’accumulation massive de déchets solides est devenue un risque environnemental, sanitaire et esthétique pour toutes les villes du monde et particulièrement celles où les infrastructures ne sont pas suffisantes. Dans de nombreux pays à travers le monde, la gestion des déchets solides municipaux (DSM) est partagée entre les secteurs formel et informel. Bien heureusement l’heure est aujourd’hui à la promotion de l’économie circulaire (confère la cible N°12 des ODD). Et dans ce cercle vertueux, les déchets ne sont plus des rebuts mais des ressources, qui peuvent même devenir lucratives. 

La durabilité environnementale et l’obligation de gestion déchets 

Le World Cities Reports de 2016 édité par l’ONU-HABITAT « Urbanization and Development : Emerging futures»[1] parle de Durabilité environnementale des villes (p. 134) et souligne qu’un environnement durable doit à la fois assurer  un approvisionnement suffisant en ressources naturelles et gérer l’élimination des divers déchets qu’engendre la vie urbaine. Ces deux objectifs généraux, qui présentent un défi pour les villes plus qu’ailleurs, ont été divisés en agendas verts et bruns. A ce propos, dès le moment du Sommet de la Terre de Rio en 1992, des groupes de réflexion s’étaient constitués et avaient, notamment, donné naissance à un colloque de l’International Solid Waste Association (ISWA) qui s’est tenu, l’année d’après, à Buenos Aires. Lors des débats, la collecte sélective y été déjà présentée comme une des solutions en contre poids de l’enfouissement des déchets.  Et dans l’idéal, la ville de demain produirait elle-même de quoi répondre à ses besoins énergétiques. Et parmi les  pistes explorées pour atteindre cet objectif figure la valorisation des déchets :

 « Dans cette perspective, l’économie urbaine doit être circulaire, en liaison étroite avec l’industrie proche. Les boucles seront courtes. Par exemple, les biodéchets dont la récupération passe par la collecte et le tri peuvent permettre de produire du biogaz (via la méthanisation) ou du compost pour une valorisation de la matière ; le tout alimentant des serres destinées au maraîchage pour développer une agriculture urbaine. »

                                        Catherine Chevauché, In Les défis de la ville durable (2016).

 

Survivre par le recyclage pour certains, et une philosophie de vie pour d’autres

Selon l’Environmental Protection Agency des États-Unis (EPA), le recyclage est le processus par lequel des éléments ou des matériaux utilisés ou des déchets sont convertis en matières premières pour la fabrication de nouveaux produits. Ce besoin est devenu un mode de vie pour des groupes de personnes qui, organisées en coopératives et associations (parfois assistées par des fondations à but non lucratif), travaillent de manière indépendante. En effet, dans les situations de pauvreté urbaines inédites, la récupération des déchets est, selon la Banque mondiale, une ressource indispensable à la survie d’au moins deux millions d’individus, notamment dans les métropoles caractérisées par des fortes inégalités socio-économiques.

La récupération et le recyclage ne sont pas l’exclusivité des habitants des pays dits du Tiers-monde. Ces pratiques que l’on croyait disparues des pays développés, refont surface dans les espaces urbains où la pauvreté et la marginalité gangrènent une fraction de la population, notamment primo-migrante et les personnes en grande difficulté sociale (personnes âgées, au chômage, Sdf, etc.). Ainsi un peu partout, du Japon aux USA en passant par le vieux continent, le paysage urbain fourmi de personnes qui fouillent les poubelles des super-marchés ou ramassent les fruits et légumes laissés par les maraichers à la fin des marchés. Le glanage alimentaire, comme il est appelé de manière pudique en occident, permet à de nombreuses personnes d’extraire de quoi manger et déroger à la précarité alimentaire.

D’autres fouillent les poubelles, aussi pour des raisons économiques, mais plutôt à la recherche d’objets à réparer ou de matériaux à revendre au kilo (cuivre, etc.). C’est le cas des Roms en France.  Notons, par ailleurs, en occident certaines personnes font les poubelles en raison de leur philosophie de vie et pour porter une alternative à la consommation. Ce sont les adeptes du freeganisme ou du déchétarisme qui le pratique non pas par nécessité économique, mais principalement dans une philosophie de vie anti-gaspillage. D’autres le font pour le frisson procuré par la trouvaille ou pour stimuler et accomplir leur fibre créative : réparation d’objets usagés, récupération de matières premières pour leur art, etc. s’exclamant que « toute matière peut devenir un médium artistique ».

 

 Source(s) :

[1] World Cities Reports 2016. « Urbanization and Development : Emerging futures ». First published 2016 by United Nations Human Settlements Programme (UN-Habitat). 262 pages.